Catherine Chastagner

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Ado & Ecrans : parlons-en !

22/02/2021

Ado & Ecrans : parlons-en !

Il ne s'agit pas d'être pour ou contre les écrans pour nos ados, mais, sachant qu'ils font intégralement partie de ce XXIème siècle, d'éduquer aux écrans afin que l'ado devenant jeune adulte sache gérer son rapport aux écrans de façon autonome !

 

Différents types d'écrans 

Parler d'écrans, sans préciser, amène de la confusion. En effet, il y a différents types d'écrans, dont certains sont nocifs pour la santé en trop grande consommation. Il s'agit de distinguer les écrans actifs avec interactions (ou créatifs) et les écrans passifs (ou réactifs). L'utilisation de l'écran pour communiquer avec d'autres via visio, ou pour travailler, créer, n'est pas nocive, outre les problèmes ophtalmiques ou physiques que peuvent engendrer les longues heures devant. L'écran passif ou réactif, c'est différent. C'est ce dernier qui peut devenir toxique. Par écran réactif j'entends les types d'écrans avec stimulation-réaction (rapide) comme certains jeux. Ils stimulent les circuits courts dans le cerveau et non les circuits plus longs de la réflexion. Ainsi tous les jeux vidéo ne se valent pas au niveau toxicité; de même jouer avec d'autres (des vraies personnes) est moins toxique que jouer seul. Jouer avec d'autres à distance s'apparente parfois plus à de l'inter-réaction (on réagit ensemble aux mêmes stimulations) qu'à une réelle interaction (communication) ! Les réseaux sociaux font également partie des écrans passifs/réactifs, car pour la plupart, l'utilisation qui en est faite est rapide, sans réelle réflexion, sur un mode réactif à l'image ou au commentaire, et sur un mode zapping (le cerveau n'a pas le temps d'analyser, il est passif face à l'écran).

 

Un usage modéré 

Comme l'alcool, une consommation avec modération ou à des fins professionnelles (désinfecter) ou relationnelles (un apéro festif) n'est pas mauvaise en soi. Mais l'abus oui ! De même, l'abus d'écrans passifs est mauvais pour la santé !  Les écrans toxiques sont ceux qui prennent toute la place et rendent passifs agressifs.

 

Addiction : des points de vigilance  

Utiliser l'écran pour calmer, ou passer sa frustration est une porte ouverte à l'addiction. De même , les contenus les plus récréatifs et jouissifs sont les plus addictifs. ils produisent un apaisement momentané mais sont délétères pour la santé et le comportement. Or les jeux actuels sont précisément faits pour être le plus addictif possible. Ainsi, le jeu Fortnite a été élaboré avec un psychologue pour cibler ce qui captiverait le plus le cerveau de l'ado. Il faut savoir que la dimension récréative envoie le même type d'informations au cerveau que le sucre : toujours plus !

Les 1ers signes cliniques sont : le changement de comportement, et la violence due à l'intolérance à la frustration.

Evidemment l'aspect temps passé devant ces écrans est aussi important, comme un facteur aggravant amenant d'emblée l'addiction.

 

La question du sevrage

La façon dure ou la façon soft ? 

A la dure : il s'agit de tout couper pendant 21 jours (le temps qu'il faut au cerveau pour changer une habitude), mais en gérant l'effet du manque dans le comportement, ce qui peut être violent.

De façon soft : baisser progressivement la consommation d'écrans passifs avec un produit de substitution : sport, relations, obliger à aller à la rencontre d'autres, et utiliser l'écran d'une autre manière.

Il peut être plus efficace de repartir de 0 (aucun temps d'écran), pour en gagner à nouveau, plutôt que de baisser ce qui est déjà acquis, parce qu'avoir un peu amène à en vouloir toujours plus. Par exemple, vous pourriez utiliser le prochain abus de votre ado pour poser une conséquence (pas d'écran pendant quelques jours) et repartir sur un contrat différent : maintenant les temps d'écran devront se gagner, par exemple 30 min une fois que les devoirs sont faits, 15 min après avoir lu un peu ou sorti le chien... 

 

Des façons d'en parler

On impose pas d'emblée les choses à un ado, on en discute ! Ainsi, il s'agit de mettre en discussion la gestion du temps d'écran avec un chronomètre (pour aller vers l'autonomie), les moments possibles pour les jeux ou les réseaux sociaux, ceux qui ne sont pas possibles (et pourquoi : par exemple, pas de jeux avant de partir au collège ou au lycée pour ne pas affecter la concentration), un écran à la fois pour favoriser les capacités attentionnelles et ne pas prendre l'habitude de zapper, une partie du temps donnée et l'autre gagnée après avoir fait ce qui était nécessaire (devoirs, rangement...).

Se mettre d'accord sur ces règles ensemble, parent-ado, et définir ce qui se passe si c'est respecté (qu'est ce qu'il gagne ? un bonus le week-end par exemple), et ce qui se passe si ce n'est pas respecté (qu'est ce qu'il perd ? du temps d'écran le lendemain par exemple). Et faire un bilan au bout d'un certain temps, voir si ça fonctionne ou pas (auquel cas quoi faire : changer les règles ? changer les sanctions positives et négatives?... )

 

Une posture parentale 

Comme je le dis souvent à mes ados, c'est mon job de parent d'être vigilant ! Et de maintenir le principe de réalité jusqu'aux 18 ans ! Il ne s'agit pas d'être dans la méfiance, mais pas non plus d'être dans une confiance naïve ! L'attrait du plaisir est très fort, l'ado a besoin d'être soutenu dans ses efforts pour se gérer, être vigilant est une façon de l'y accompagner, et de l'aider à y arriver.

Il s'agit également d'être exemplaire ! Au parent de montrer l'exemple dans sa propre gestion des écrans : le temps passé, les réseaux sociaux, les lieux de consommation (chambre à coucher ? toilettes? ...) Nous sommes, parents, un livre ouvert ! Et si ce que nous disons n'est pas en cohérence avec nos actes, non seulement cela n'aura pas de poids, mais nos ados sauront bien nous le faire savoir, et ils n'auront pas tort ! Sachant qu'un parent a le droit de faire des erreurs et de les reconnaître : ça, c'est une force dans l'éducation !

De même, si le parent est dans le tout ou rien ("tu dois tout faire comme je te le dis, tout de suite, sinon tu n'auras plus rien comme temps d'écran"), ça ne marchera pas, suscitera l'opposition et la guerre ouverte, et ne sera pas éducatif. Comment apprendre à l'ado à ne pas être dans le "tout, tout de suite", si le parent a cette même attitude ! Il s'agit d'être dans le "pas-tout", et s'il faut priver d'écran ce sera, dans un premier temps, un petit peu, une partie, pas tout.

 

Des idées

Une journée off d'écrans passifs par semaine parents-ados

Des défis créatifs : challenger l'ado pour qu'il développe sa créativité

Un équilibre : sport, relations, écrans

Parler de la dépendance avec l'ado : lui poser la question, comment voit-il sa consommation?

S'intéresser à ce qu'il voit : en parler, interagir dessus..

L'usage d'un timer / chrono pour gérer le temps d'écran : indispensable ! c'est alors lui qui rappelle la limite, et non plus vous parent ! ça évite le frontal.

 

Du bon sens

Pas d'écran à table (pour les parents aussi!)

Internet et réseaux sociaux au salon (et pas dans la chambre tout le temps)

Les écrans dorment au salon (et pas dans la chambre) et se couchent 1h avant nous ! (pour favoriser le sommeil)

Obtenir sans punir : travailler à la qualité de la relation avec son enfant

15/02/2021

Obtenir sans punir : travailler à la qualité de la relation avec son enfant

Beaucoup de livres existent sur l'éducation des enfants, avec tout un tas de recettes pour mieux communiquer. Ce livre de Christophe Carré a le mérite d'aborder la question de fond de la relation parent-enfant et comment travailler à cette relation.  Voici quelques "pépites" que j'en ai extrait.

 

Un des premiers outils  est de commencer par changer soi-même pour amener du changement dans la relation, et éviter de reproduire sans cesse les mêmes solutions ayant déjà montré leur inefficacité. Le parent est également invité à mettre des « lunettes positives »  pour regarder l’enfant d’un regard confiant et positif, qui va changer ses comportements envers lui. L’écoute active est une clé pour établir une relation de qualité et orienter vers des changements positifs. Essayer de comprendre l’enfant, ses représentations, ses sentiments en fait partie aussi, ainsi que le fait de parler en « je » plutôt qu’en « tu ».

 

Au niveau de la communication, il est important de prendre conscience que la communication totale, objective, transparente est impossible. Toute communication a des failles et est subjective, ainsi il est utile d’adopter des stratégies qui limitent les malentendus comme poser des questions sur ce qui a été compris, prêter attention au double niveau (verbal et non verbal) qui peut être source d’incohérence dans le message donné et donc limiter sa compréhension. Dans la communication, les deux protagonistes sont responsables de ce qui s’échange. C. Carré encourage le parent à ne pas interpréter à outrance les réactions de l’enfant, à ne pas l’étiqueter ou lui prêter des « fausses » intentions, ni à le contraindre à agir ce qui provoquerait de la résistance, mais à adopter une « action en retour stratégique ». Cela revient pour le parent à choisir l’attitude et la posture à adopter face au comportement de l’enfant, ce qui va « influencer la poursuite ou la diminution du phénomène ». Il s’agit souvent pour le parent de prendre le contre-pied de ce qu’il aurait naturellement fait.

 

D’autre part, la qualité de la relation avec l’enfant est plus importante que le contenu des messages échangés, mais aussi « plus riche, plus complexe et équivoque ». La relation « porte le contenu et indique comment celui-ci doit être compris ». Ainsi la communication est composée de ces deux éléments : le contenu et la relation. L’auteur donne l’image d’un œuf, avec le jaune d’œuf qui représente le contenu et le blanc d’œuf la relation. Pour accéder au jaune d’œuf il faut d’abord être en contact avec le blanc, de même pour la relation, qui englobe le contenu. Par relation, C. Carré entend ce qui est au-delà des mots, l’attitude, le comportement, le regard porté sur l’enfant, les gestes, mimiques, intonations, distance, postures, etc… L’enfant les perçoit intuitivement et leur donne un sens. Pour éviter les confusions, le contenu et la relation doivent donner le même message. Cultiver la bonne relation avec l’enfant va amener à une bonne réception des contenus. Plus la relation est perturbée, plus les échanges de contenus sont difficiles. C’est donc au niveau de la relation qu’il faut essayer de trouver des solutions et d’instaurer des changements. Il s’agit de créer du lien positif avec l’enfant. Parler de la relation et de comment l’un et l’autre la perçoivent aide à la redéfinir. Il s’agit de communiquer sur la relation, poser des questions, ne pas se focaliser sur les causes ou les responsabilités du problème, mais sur la clarification des échanges et la recherche de solution.

 

Changer de posture ou de position dans la relation peut également débloquer des situations : par exemple, en tant que parent, adopter une position basse au lieu d’une position haute d’autorité, adopter une position symétrique pour échanger des opinions, interagir, s’écouter mutuellement, alterner les positions complémentaires et symétriques.

 

L’auteur donne plusieurs techniques, tout en mettant en garde de les utiliser de façon éthique pour rester dans l’aspect positif de la manipulation : « Soyez irréprochable dans votre style éducatif. » . Il propose par exemple de faire des demandes formulées positivement, semer des paroles valorisantes et des compliments,  donner du sens, toucher l’enfant, utiliser des petites formules comme « mais tu es libre de … » . Enfin, C. Carré termine par parler des conflits dans la famille comme « des véritables opportunités de changement", qui ont un sens (ils apportent une information sur l’état de la relation) et une fonction (ils appellent un passage à l’action, vers une solution). Les erreurs à éviter face à un conflit sont d’en avoir peur, de le fuir, de le dramatiser ou de « sortir les griffes ». Néanmoins, les parents ont besoin d’apprendre la résolution des conflits de manière non violente pour ensuite y guider leurs enfants. Pour cela il est utile de se rappeler qu’il n’y a pas de vérité, que chacun a le droit de penser ce qu’il pense, et d’être maladroit. Le cadre est le respect mutuel et la qualité d’écoute est essentielle. L’enfant a également besoin d’être rassuré. L’idée est de chercher une résolution gratifiante pour l’un et l’autre. Pour cela, l’auteur donne le modèle de communication non violente (CNV), avec l’observation des faits, l’expression du ressenti, relié aux besoins non satisfaits, et enfin la demande sachant qu’ « une vraie demande n’est ni un ordre, ni une exigence. » .

 

Par contre, une partie liée au développement de l'enfant et aux besoins en fonction de l'âge aurait été un plus! On n'agit pas de même avec un tout petit, un enfant ou un ado !