Catherine Chastagner

07.82.17.27.14

Obtenir sans punir : travailler à la qualité de la relation avec son enfant

15/02/2021

Obtenir sans punir : travailler à la qualité de la relation avec son enfant

Utiliser l'influence dans la relation parent-enfant, de façon positive, pour aider l'enfant à bien se développer, comme une 3ème voie autre que récompense ou punition. Ce livre de Christophe Carré est intéressant pour cela. La qualité de la relation avec l'enfant est plus importante que les contenus échangés, c'est donc au niveau de la relation qu'il faut essayer de trouver des solutions et d'instaurer des changements. Aidant pour les parents, dans une perspective de bienveillance.

Beaucoup de livres existent sur l'éducation des enfants, avec tout un tas de recettes pour mieux communiquer. Ce livre de Christophe Carré a le mérite d'aborder la question de fond de la relation parent-enfant et comment travailler à cette relation.  Voici quelques "pépites" que j'en ai extrait.

 

Un des premiers outils  est de commencer par changer soi-même pour amener du changement dans la relation, et éviter de reproduire sans cesse les mêmes solutions ayant déjà montré leur inefficacité. Le parent est également invité à mettre des « lunettes positives »  pour regarder l’enfant d’un regard confiant et positif, qui va changer ses comportements envers lui. L’écoute active est une clé pour établir une relation de qualité et orienter vers des changements positifs. Essayer de comprendre l’enfant, ses représentations, ses sentiments en fait partie aussi, ainsi que le fait de parler en « je » plutôt qu’en « tu ».

 

Au niveau de la communication, il est important de prendre conscience que la communication totale, objective, transparente est impossible. Toute communication a des failles et est subjective, ainsi il est utile d’adopter des stratégies qui limitent les malentendus comme poser des questions sur ce qui a été compris, prêter attention au double niveau (verbal et non verbal) qui peut être source d’incohérence dans le message donné et donc limiter sa compréhension. Dans la communication, les deux protagonistes sont responsables de ce qui s’échange. C. Carré encourage le parent à ne pas interpréter à outrance les réactions de l’enfant, à ne pas l’étiqueter ou lui prêter des « fausses » intentions, ni à le contraindre à agir ce qui provoquerait de la résistance, mais à adopter une « action en retour stratégique ». Cela revient pour le parent à choisir l’attitude et la posture à adopter face au comportement de l’enfant, ce qui va « influencer la poursuite ou la diminution du phénomène ». Il s’agit souvent pour le parent de prendre le contre-pied de ce qu’il aurait naturellement fait.

 

D’autre part, la qualité de la relation avec l’enfant est plus importante que le contenu des messages échangés, mais aussi « plus riche, plus complexe et équivoque ». La relation « porte le contenu et indique comment celui-ci doit être compris ». Ainsi la communication est composée de ces deux éléments : le contenu et la relation. L’auteur donne l’image d’un œuf, avec le jaune d’œuf qui représente le contenu et le blanc d’œuf la relation. Pour accéder au jaune d’œuf il faut d’abord être en contact avec le blanc, de même pour la relation, qui englobe le contenu. Par relation, C. Carré entend ce qui est au-delà des mots, l’attitude, le comportement, le regard porté sur l’enfant, les gestes, mimiques, intonations, distance, postures, etc… L’enfant les perçoit intuitivement et leur donne un sens. Pour éviter les confusions, le contenu et la relation doivent donner le même message. Cultiver la bonne relation avec l’enfant va amener à une bonne réception des contenus. Plus la relation est perturbée, plus les échanges de contenus sont difficiles. C’est donc au niveau de la relation qu’il faut essayer de trouver des solutions et d’instaurer des changements. Il s’agit de créer du lien positif avec l’enfant. Parler de la relation et de comment l’un et l’autre la perçoivent aide à la redéfinir. Il s’agit de communiquer sur la relation, poser des questions, ne pas se focaliser sur les causes ou les responsabilités du problème, mais sur la clarification des échanges et la recherche de solution.

 

Changer de posture ou de position dans la relation peut également débloquer des situations : par exemple, en tant que parent, adopter une position basse au lieu d’une position haute d’autorité, adopter une position symétrique pour échanger des opinions, interagir, s’écouter mutuellement, alterner les positions complémentaires et symétriques.

 

L’auteur donne plusieurs techniques, tout en mettant en garde de les utiliser de façon éthique pour rester dans l’aspect positif de la manipulation : « Soyez irréprochable dans votre style éducatif. » . Il propose par exemple de faire des demandes formulées positivement, semer des paroles valorisantes et des compliments,  donner du sens, toucher l’enfant, utiliser des petites formules comme « mais tu es libre de … » . Enfin, C. Carré termine par parler des conflits dans la famille comme « des véritables opportunités de changement", qui ont un sens (ils apportent une information sur l’état de la relation) et une fonction (ils appellent un passage à l’action, vers une solution). Les erreurs à éviter face à un conflit sont d’en avoir peur, de le fuir, de le dramatiser ou de « sortir les griffes ». Néanmoins, les parents ont besoin d’apprendre la résolution des conflits de manière non violente pour ensuite y guider leurs enfants. Pour cela il est utile de se rappeler qu’il n’y a pas de vérité, que chacun a le droit de penser ce qu’il pense, et d’être maladroit. Le cadre est le respect mutuel et la qualité d’écoute est essentielle. L’enfant a également besoin d’être rassuré. L’idée est de chercher une résolution gratifiante pour l’un et l’autre. Pour cela, l’auteur donne le modèle de communication non violente (CNV), avec l’observation des faits, l’expression du ressenti, relié aux besoins non satisfaits, et enfin la demande sachant qu’ « une vraie demande n’est ni un ordre, ni une exigence. » .

 

Par contre, une partie liée au développement de l'enfant et aux besoins en fonction de l'âge aurait été un plus! On n'agit pas de même avec un tout petit, un enfant ou un ado !